Toudja, mémoire  d’un village de Kabylie

Village kabyle : toile 410X309 d’Azouaou Mammeri

PROJET DE REALISATION D’UN CENTRE  DE DOCUMENTATION SUR LA MEMOIRE DU VILLAGE

« … Chaque village est un monde. Un sol bourré de valeurs, de traditions, de saints lieux, d’honneur ombrageux, de folles légendes et de dures réalités »

 

Mouloud Mammeri

 

 

 

 

 

« Toudja, pays des Itsoudjènes, est un vocable qui désigne une agglomération humaine faite d'une multitude de hameaux, littéralement enfouis dans une forêt d'orangers. Pour ceux qui portent vraiment ferveur à l'oranger et qui veulent savourer ses fruits à l'état pur, c'est à Toudja qu'il leur faut aller… ».

« A Toudja, l'oranger est Roi, les cimes des orangers, plus hauts qu'ailleurs, se touchent, s'emmêlent. De ci, de là, on voit des dizaines de maisons basses aux toits de tuiles rouges, littéralement absorbées par la forêt. Et quelle forêt, qui embaume, qui rafraîchit et qui fascine à l'époque des fruits. On plonge dans une verdure merveilleuse, étoilée d'or, on s'y insère et à part les maisons dont aucun toit n'émerge, on n'aperçoit que des orangers. Devant soi, derrière soi, au dessus, l'oranger est là, partout, qui presse son visiteur et le domine. Les orangers de Toudja reçoivent les trois dons du ciel, une terre fertile, l'eau et le soleil, à profusion et à longueur d'année. »

Belkacem Augustin Ibazizen

Toudja, mémoire d’un village de Kabylie

A la recherche de mon village

L'intérêt pour l'histoire des villages et le monde rural ancien est incontestable, aujourd’hui. Il ne s'agit pourtant pas de s'attendrir sur un passé révolu et il n'est pas possible de regretter la vie de nos anciens qui fut difficile, très difficile même. Je pense, par contre, qu'on peut avoir la nostalgie pour un présent qui n'a pas eu lieu...

                     Le village, c'est un peu et toujours l'enfance enfouie, les racines oubliées. Retrouver ses ancêtres et découvrir l'endroit où ils ont vécu, retracer leur vie dans la campagne, voilà qui permet de renouer avec sa propre histoire, sa propre mémoire, son équilibre tout court.

                               C’est possible dés aujourd’hui avec le projet de création du centre de documentation de Toudja, qui constitue en attendant d’autres, la première heureuse extension d’un autre projet : le musée de l’eau


Pourquoi Toudja ?


La beauté naturelle du site

Située au nord-est de l’Algérie, enserrée entre la vallée de la Soummam et la ville de Bejaia qui lui dispute depuis quelques années ses espaces vitaux, après s’être goulûment abreuvée à sa source de vie, Toudja est de l’avis de nombreux visiteurs de marque d’un des plus typiques et plus beaux villages de Kabylie.

 

Voici à titre d’exemple la description dithyrambique qu’en fit le grand écrivain français né en Algérie  Jules Roy quand il la visita en 1960 « J’ai hâte de parler de Toudja…C’est le village kabyle type par excellence avec ses maisons serrées les unes contre les autres et ses toits de tuiles rondes .Le long du triple ruisseau qui coule aux pieds de l’Aghbalou, des frênes puissants ont poussé. Grâce à cette richesse, les vergers ont l’abondance des oasis. De jour, l’impression qu’on ressent est toute de paix et cette terre doit aussi ressembler à celle de Chanaan par sa beauté et sa douceur pastorale »

L’Archiduc d’Autriche Louis Salvator de Habsbourg qui visite Toudja en 1899 franchit le pas et parle tout simplement de paradis »Tout le versant au dessous de la source dont on voit jaillir l’abondance est couvert de plantations d’orangers et de citronniers, un véritable paradis, qui au printemps offre au peintre une richesse d’inspiration »

La source de Toudja en 1899(Gravure sur bois réalisée par le Duc LouisSalvaator de Habsbourg, Archiduc d’Autriche)

Cette luxuriance de la nature a de tous temps attiré des voyageurs des photographes dont certains ont immortalisé la beauté des lieux

Azouaou Mammeri, l’un des tous premiers grands peintres algériens  fut de ceux-là. Il réalisa pendant son passage en tant qu’instituteur à l’école du village en 1918, de nombreux travaux dont le plus connu est le tableau d’un moulin à eau de Toudja, dont on ne retrouve pas trace aujourd’hui, malheureusement.

 

Portrait photographique d’Azzouaou MAMMERI

L’ancienneté attestée de la présence de l’homme sur le territoire de la commune

Des écrits plaident en faveur de l'ancienneté de   Toudja dont le territoire semble avoir été occupé et cultivé depuis les temps les plus reculés. Toudja a un riche passé, elle possède un patrimoine qui témoigne de son histoire, des sites paléolithiques d’Ibarissen  au fameux chainon manquant des stèles numides. Mais Toudja doit l’essentiel de sa réputation au fameux aqueduc, mondialement connu, alimentant la ville de Saldae(Bejaia aujourd’hui) depuis le début de l’ère chrétienne et dont un tronçon est ,de nos jours encore utilisé.

 

La richesse du fonds iconographique

De nombreux documents épars sur Toudja, son histoire, sa mémoire, son école (l’une des plus anciennes d’Algérie), ses émigrés de première génération, ses notables et intellectuels risquent de disparaître, si une action patiente et minutieuse de repérage et de  sauvetage n’est pas entreprise au plus vite. La seule manifestation organisée le 5 juillet 2009 à l’occasion de la réalisation d’une nouvelle stèle pour les chouhada de la guerre de libération nationale, a permis d’exhumer de nombreux et riches documents notamment photographiques  et artistiques

Pourquoi un centre de documentation ?

Lieu de mémoire, de souvenir et de tradition, le Centre de Documentation de Toudja  peut  redonner vie:

·        A l’histoire lointaine et proche du village dans sa relation avec la ville historique de Bejaia toute proche et son arrière pays dont Toudja constitue l’une des portes naturelles d’entrée et de sortie;

·        A l’économie traditionnelle locale : Exploitation du liège, du caroube, fabrication de charbon, chasse…

·        Aux métiers anciens en reconstituant la vie rurale d'antan autour de l'objet : de la meule du moulin à eau en passant par les fabricants d’ustensiles avec du bois de bruyère, enclumes, lampe à huile,

·        A la culture locale : Utilisation des plantes aromatiques et médicinales, Poésie et chants féminins déclamés dans les cérémonies familiales et les moulins, reconstitution de la mémoire de l’école (enseignants et élèves) depuis sa création , que de suggestions pour l'esprit curieux...

·        A la flore te à la faune locale : Recensement de la biodiversité locale en vue de sa protection et de sa valorisation

Flore : orangers de Toudja (variété locale) bergamottes,prunesSantaRosa,nèfles,noyers,ormes..plantes aquatiques, nenuphars,

Faune : Ecrevisses de la rivière Sahel, crabes d’eau douce

 

 

Avec qui ?

Le projet de réalisation d’un musée de l’eau à Toudja initié par l’association GEHIMAB dans le cadre du programme ONG 2 soutenu par l’Union Européenne, a permis à l’APC de Toudja  de figurer en tête de la catégorie encore très faible  des collectivités locales algériennes qui investissent de manière innovante le champ de l’action dans le domaine de la culture .

Cette dynamique pionnière se devait d’être soutenue et élargie à travers l’implication dans le cadre d’un développement durable réellement participatif, d’un nombre chaque fois plus important d’acteurs locaux

Les premiers participants au projet

·         APC de Toudja

·         Association Gehimab (Bejaia)

·         Association culturelle locale

·         Mr Aggoune Mohamed

·         Les frères Aissa et M’hand Kasmi

·         Mr Zahir Ihaddaden

·         Mr Ait Larbi Rabah

·         Mr Touati Djamel

·         Mr Arezki Larbi

·         Mr Ghermine Abdelhamid

·         Mr Hocine Ghermas

 

Où?

Le choix du lieu d’implantation du centre de documentation doit répondre à des critères rigoureux:

·         Authenticité du lieu

·         Centralité

·         Extensibilité

 En tenant compte de ces critères, trois lieux semblent particulièrement indiqués :

o   L’ancien siège de la commune

o   L’ancien abattoir, au pied de la cascade (ancien souk traditionnel face au futur musée de l’eau) Cette proposition suppose la destruction des constructions érigées à cet endroit (Bureau communal du cadastre….) et l’affectation de nouveau bureaux à ces structures .Cette proposition, présenterait,si elle venait à être retenue,l’avantage de constituer un vrai pôle culturel avec le musée ,le moulin à eau traditionnel,la cascade et la forge traditionnel du village

o   Maison traditionnelle à trouver et à rénover avec perspective d’extension en gite rural

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

M’hand KASMI